Jésus, et la guérison de femmes dans leur fécondité

Jésus, et la guérison de femmes dans leur fécondité

Hier, à la messe, lecture de Marc 5, 21-43 : guérison de la femme hémoroïsse et de la fille de Jaïre. J'avais étudié ce passage dans un livre, GUERIR : les dix gestes de Jésus qui sauvent de Frère MichaelDavide, aux éditions Salvator, et le passage m'avait beaucoup marqué. J'ai trouvé une autre analyse sur un site paroissial, que je vous fait partager. Je voulais vous faire une synthèse de tout ça et vous livrer en même temps  mes impressions. 

 

Ce récit met en parallèle deux guérisons : celle de la femme hémoroïsse qui a des pertes menstruelles continues depuis 12 ans, et celle de la fille de Jaïre, le chef de synagogue, "à la dernière extrémité", âgées de 12 ans ; le chiffre 12 lie leurs deux cas de façon évidente. 

 

La femme hémoroïsse est considérée par là même par la société juive comme impure : elle ne peut pas être touchée et tout ce qu'elle touche est impur ; elle ne peut pas avoir de relations sponsales et est exclue socialement. 

On peut penser de la jeune fille, âgée de 12 ans, qu'elle débute sa puberté. Frère MichaelDavide émet l'hypothèse, que si Jésus demande à ce qu'on lui donne à manger après la guérison, c'est qu'elle est anorexique, et qu'elle vit mal ce passage de transition vers l'âge adulte.

Dans les deux cas, celle de la femme hémoroïsse et de la fille de Jaïre, il est question de passer

de la mort : perte d'énergie, épuisement des ressources financières en médecins inutiles, mort sociale + impossibilité d'enfanter pour l'une / mort physique, mort de l'enfance (on parle en psychanalyse de période de latence qui débouche sur la puberté, pour l'autre

  à la vie : (fin de l'isolement social, reprise d'une vie sponsale et féconde), / transition harmonieuse vers l'âge adulte. 

 

Jésus, dans les deux cas, se comporte en époux : il accepte le contact intime et interdit avec la femme hémoroïsse : elle vient par derrière dans la foule et touche son vêtement. Par là même, elle lui vole en quelque sorte une guérison. Jésus lui rend sa dignité en la regardant de face, et en lui laissant dire devant la foule la vérité.  

Il saisit la main de l'enfant et lui dit "jeune fille, lève toi". On voit bien le passage de l'enfance à la puberté, mais surtout, il ne lui impose pas les mains comme le voulait Jaïre ; il la saisit par la main, là aussi un geste sponsal. 

 

Dans les deux cas, les frontières sociales sont abolies : Jaïre, puissant chef de synagogue, se prosterne devant Jésus, tant il est désespéré ; la femme ne craint plus son impureté et ose toucher le manteau de Jésus (les vêtements, dans l'ancien orient, c'est la personnalité, donc son être, cf le site de la paroisse de Figeac en lien).  Jésus passe outre : il sauve ces deux femmes, pauvre ou riche, par delà l'impureté. 

Jésus regarde les personnes dans leur douleur, la réalité de leur vie, leur exclusion sociale, leur vulnérabilité. Ce qui le touche, c'est la foi de ceux qui demandent. La femme hémoroïsse est distinguée du tout venant de la foule et même des apôtres, qui ne comprennent pas ; Jaïre, qui croit, est distingué des gens de sa maison, qui se moquent. La femme hémoroïsse n'est pas guérie par un médecin, elle est sauvée par sa foi (elle cherchait la guérison, elle a trouvé le Salut). La fille de Jaïre n'est pas guérie par l'imposition des mains des guérisseurs, elle est prise par la main, et accompagnée vers l'âge adulte de femme et de mère. Jésus demande qu'on lui donne à manger, ce qui est un rappel de l'Eucharistie. 

Il est question de mort, de vie et de résurrection. 

 

Evidemment, face à mon article polémique sur le désir d'enfants  et l'avortement, ce passage de l'Evangile, qui traite de la guérison par Jésus de femmes destinées à porter la vie et à assumer leur vie de femme, m'interpelle. Jésus porte un regard tendre et réaliste vers ces femmes, on est loin d'un éloge de la femme vierge consacrée au Christ de St Paul, ou d'une figure mariale. A la veille de mon pèlerinage à Lourdes, cela me renvoie vers ce que je veux demander à Marie. Le Pape François a récemment parlé du courage de la prière, car demander trop peu, c'est manquer de foi. Je ne sais absolument pas comment me positionner face à ce texte, qui m'émeut, sans que je sache ce que je dois vouloir pour moi-même.

 

 

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