Etre disciple missionnaire bis (et pas repetita)

Mon article précédent ayant quelque peu interpellé, je vous donne quelques nouvelles ; les choses s'arrangent sur la mission que j'espérais me voir confier, j'ai pu m'entretenir avec un responsable et après un début d'entretien laborieux, on a brisé la glace. 

J'ai essayé de prendre du recul par rapport à ma position initiale ; essayer de trouver la juste distance avec les gens, et mieux gérer les émotions. J'ai commis des erreurs de débutante moi aussi avec les personnes dont nous avions la charge. Ca m'a fait du bien de pouvoir échanger.

J'ai entamé un deuxième livre de Lytta Basset, mon auteure chouchoute du moment (vous l'avez compris), Sainte colère, Jacob, Job, Jésus. J'y reviendrai surement quand je l'aurai fini, mais un passage éclaire une réflexion que j'avais eue et qui avait fait l'objet d'un article : Jésus pris de compassion pour guérir, et saisi aux entrailles. Ce positionnement est incompatible avec tout ce qui est préconisé aux aidants et professionnels du soin : garder une distance pour se préserver. Voici ce que dit Lytta Basset : "Au moment de guérir un lépreux pour la première fois, dans l'évangile de Marc, Jésus fut "pris de compassion", ou selon certains manuscrits, "pris de colère". Or, le lépreux le suppliait en disant "Si tu le veux, tu peux me purifier" (1, 40). Il semble bien que dans le texte original, il y ait eu la compassion. Mais la variante de la colère est intéressante car elle nous met sur la voie  d'une colère particulière : celle de la revendication de la différence, désir de ne pas être entraîné dans la confusion. En effet, l'impureté qui tue le lépreux  physiquement et socialement désigne notre hantise de la contagion par ce qui n'est pas nous et menace notre intégrité. On peut donc deviner que Jésus s'oppose violemment à ce que la lèpre symbolise : l'interdiction d'être autonome, clairement différencié, "pur" des compromissions avec la mort"

Dans ce passage, Jésus se sert de la colère parce qu'il a besoin d'établir une distance pour ne pas être entraîné dans une spirale. Etre saisi aux entrailles au point de descendre dans le gouffre avec les gens est dangereux, et je ne suis pas Jésus. Même Jésus s'est protégé. 

Hier il y avait un groupe de prière dans le cadre du mois du rosaire, avec une adoration du Saint Sacrement. J'ai vraiment prié l'Esprit Saint, pour avoir des clés, pour que ma rencontre d'aujourd'hui se passe bien. Et plein de réponses se sont mises à défiler tout à coup très vite dans ma tête à une vitesse hallucinante : arrêter d'appeler tout le monde à l'aide parce que je me noie ; faire confiance à l'Esprit Saint, me calmer pour flotter sur les eaux. Si je réussis cette mission, ce sera une réussite de Dieu et de l'Esprit Saint, je ne suis qu'un canal. Ca ne sert à rien que je me débatte et que je m'acharne, je dois me laisser porter. Ca n'a pas trop mal marché ! ;)